Encore quelques tours
Mes deux mains ont tenu à se mettre dans la terre
A la sentir vibrer dans ses paumes
Pour mieux sentir chanter l'argile sous mes doigts
J'ai donc fermé les yeux... Et j'ai vu la chaleur s'immiscer.
Depuis le temps que j'attendais...
Il y a d'abord eu l'impossibilité de m'engager
De me présenter à elle avec mes douleurs, mes os saillants,
Le sang qui coulait et pas seulement dans mes veines
Puis la peur s'est emparée de moi,
Ensuite l'impression que jamais je ne saurais
La blessure comme mille clous plantés sur mon corps
Et enfin l'autre : les points sur le pouce,
Une suture longue à se fermer
Il a fallu aussi se battre contre le vent intérieur,
La marée haute qui a tenue ma tête hors d'état de remonter pour un temps au moins
Mais l'envie est bien plus forte, et surtout présente depuis si longtemps
Alors ce lundi j'ai poussé la porte de l'atelier
La lumière y est belle
L'ambiance chalereuse et sans prétention
Mon appréhension était pourtant volumineuse
Le plaisir de sentir la chaleur sortir de mes mains pour donner vie à la terre est puissant.
L'intimité et l'émotion troublantes de l'argile propulsé à chacun de mes doigts,
Se sont prolongées dans la paume de mes mains, courant le long de mes bras,
Glissant sur ma nuque, le long de ma colonne vertébrale
Se faufilant sur tout mon corps.
Il y a eu de la vie, je l'ai senti...
Pour cela il faut
Centrer la terre sur le tour lancée dans la vitesse,
Demander à la terre de changer de forme, de se transformer,
De devenir ce qui est dans la main, ce qui est dans l'argile...
Ce lundi j'ai pris un cours de poterie, il y avait de la sensualité dans les gestes
Il y avait des sens vivants...
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Quelques vues de l'atelier...
D'autres à venir plus tard...La Sardine y retourne bientôt...